Le retour aux abeilles

Dès que nous rejoignons Mike l’apiculteur près de Lancelin (à 130km au Nord de Perth), nous replongeons directement dans l’aventure. Pour rejoindre le camp il faut utiliser une longue piste sableuse et notre voiture n’est évidemment pas adaptée. Nous la tractons donc tant bien que mal.

C’est le printemps et il y a beaucoup à faire, le camp est donc rempli de caravanes et il y a beaucoup plus de monde pour répartir le travail.

Les conditions météo ne sont pas encore très bonnes, il pleut régulièrement ce qui interrompt les journées et nous finissons régulièrement trempés.

Rapidement nous sommes à nouveau dans le bain et nous régalons de ce métier au contact de la nature et des abeilles.

Quand la météo devient plus ensoleillée, ce sont les températures qui tombent et nous retrouvons du givre pour la première fois depuis bien longtemps. Sympathique quand on dort sans chauffage.

Nous avons enfin l’occasion de prendre en photo la plus redoutée des araignées australiennes, la Red Back (ou veuve noire à dos rouge). Celle-ci se trouve partout sous les plateaux ou palettes des ruches. C’est dans ces moments-là que l’on apprécie les gants.

Nous sommes soulagés car cette fois-ci il n’y a pas de mouches, mais les tiques ont pris le relai et sont innombrables. Pour ajouter au plaisir, les petites que nous connaissions déjà ont invité leurs grandes cousines. Chaque soir nous en retirons une dizaine de notre peau, avec un bouton qui gratte longtemps en cadeau.

Étant arrivés au beau milieu d’une mission, celle-ci touche rapidement à son terme et après avoir tractée à nouveau la voiture en dehors du bush, nous retrouvons Perth, Fremantle et nos petites habitudes.

La mission suivante promet d’être intéressante et c’est accompagnés de deux autres voyageurs français que nous reprenons la route de Lancelin quelques jours plus tard. L’ambiance est plutôt bonne malgré la difficulté de gérer tout le monde au boulot.

C’est l’occasion d’être initiés à l’élevage de reine, partie la plus minutieuse et intéressante du métier d’apiculteur. Le clou du spectacle, c’est d’aller récupérer de minuscules larves au fond des cellules pour les déposer délicatement dans une cupule plastique, placée ensuite verticalement dans la ruche.

En effet, les cellules royales naturelles sont différentes car elles sortent des rayons et pendent vers le bas. Certains y verront une cacahuète, nous laissons libre l’inspiration des autres…

Quand il y en a un grand nombre, c’est que la colonie s’apprête à essaimer.

Une fois sorti de la ruche, l’essaim se pose sur la branche d’un arbre voisin, le temps de décider où aller.

Parfois il va directement dans une ruche laissée temporairement vide, et nous le retrouvons quelques temps plus tard, bien installé.

C’est le père de Mike qui s’occupe de l’élevage des reines abeilles. A 82 ans, il garde la forme.

L’élevage de reines

La première étape consiste à manipuler une ruche pour qu’elle ressente le besoin d’élever de nouvelles reines malgré la présence de l’ancienne, et d’y placer les cupules vides pour qu’elles soient au chaud.

Ensuite il faut sélectionner l’une des meilleures ruches et en prélever un cadre qui contient des jeunes larves. A l’aide d’un petit outil on les transfère dans les cupules, maintenant à température.

Une fois l’opération effectuée, on replace les cupules et leurs larves dans la ruche éleveuse et on laisse la magie opérer.

Le jour suivant c’est le verdict, chaque cupule autour de laquelle les abeilles ont commencé à placer de la cire a été acceptée. Dans notre cas, c’est un succès de presque 100%.

Les cellules sont fermées par les abeilles et les reines y grandissent pendant la semaine suivante.

Il ne reste qu’à les placer une par une dans des ruches orphelines (sans reines) avant qu’elles émergent.

Comme nous avons peu de véhicules, c’est souvent sur le toit ou à l’arrière que nous nous déplaçons de ruchers en ruchers.

Être au fond du bush donne toujours l’occasion de croiser des animaux, comme les lézards bobtail (ou scinque rugueux) que nous devons aider à traverser les pistes tellement ils sont lents.

Les reptiles sont nombreux, et certains même assez délirants.

Les plantes ne sont pas en reste entre les belles orchidées et les blackboys dont l’étrange hampe ne fleurit qu’après un incendie.

Une fois la plus grosse partie du boulot effectuée, la moitié des troupes rentre et nous restons avec Mike et Kym pour finir les dernières tâches.

De retour à la miellerie nous travaillons un peu dans le verger en pleine floraison.

Les échantillons de la nouvelle récolte viennent compléter la collection de tous les précédents miels, gardés pour garantir la traçabilité.

La semaine suivante, nous repartons une dernière fois récolter. Lorsque nous manipulons notre matelas dans la caravane, Ivan comprend enfin pourquoi ses pieds sont pleins de petit boutons rouges depuis un mois.

Ce dernier voyage passe presque trop vite et notre voiture est encore en révision lorsque nous revenons. Nous en profitons pour passer quelques derniers moments avec Mike avant de préparer notre départ vers l’Est de l’Australie.